Partage d’expériences: Le Sc. Fabrice Agbetiafa s'exprime
Mon expérience au Pérou
Je suis Fabrice Giovanni Komlan Dzitri AGBETIAFA. Je suis missionnaire combonien. Je suis en train de réaliser mes études théologiques au Pérou. En effet, après avoir conclu mes études philosophiques au Postulat au Togo et après ma première profession religieuse au terme du Noviciat au Bénin, j’ai été envoyé au Pérou pour faire mes études théologiques. Je suis arrivé au Pérou il y a de cela trois ans et quelques mois. Après six mois de l’apprentissage de la langue espagnole, je me suis mis á étudier la théologie. Je suis en train de boucler la troisième année de théologie au scolasticat. J’aimerais partager avec vous mes expériences de ces années que j’ai passées ici. Avant tout, il faut dire que les mots me manquent pour partager toute la richesse et la profondeur de ces expériences en quelques lignes.
Le Pérou est un merveilleux pays avec une grande richesse et diversité culturelle. Le pays se divise en trois grandes régions: la Costa (la Côte), la Sierra (les Andes) et la Selva (la forêt Amazonienne). Le Pérou compte divers sites touristiques dont le Machu-Pichu qui est l’une des 7 merveilles du monde. Ces sites drainent beaucoup de touristes du monde. La majorité de la population est formée d’indigènes, peuples autochtones. La richesse alimentaire est appréciable. Le sens de la célébration de la vie est distinctif de l’âme du peuple. Par exemple, les anniversaires de naissance, les sacrements ( Baptème, Première Comunion, confirmation et le mariage) et autres fêtes importantes, etc, sont célébrés avec éclat même au sacrifice de moyens économiques.
Mais il existe aussi des réalités moins bonnes. Par exemple, la discrimination est le pain quotidien des mêmes péruviens entre eux-mêmes. Certaines couches sociales, c’est-à-dire, les personnes qui viennent de l’intérieur du pays (Sierra et Selva) et les pauvres souffrent du rejet et de la discrimination sociale. Il y a manque d’intégration sociale et d’acceptation mutuelle entre les différentes régions du pays. Le racisme est notable et se vit aussi dans le quotidien dans les rues, dans les transports publiques, les centres de commerce, etc. Les étrangers et surtout les noirs sont considérés : soit comme joueurs de football, soit comme musiciens, soit comme vendeurs de drogues, soit comme voleurs. D’une part, cette attitude est compréhensible selon l’histoire du pays, car les noirs étaient laissés à eux-mêmes après l’abolition de l’esclavage. Pour survivre et gagner le pain de chaque jour ils se dédiaient au vol. Mais d’autre part, l’ignorance est définitivement la dernière raison qui justifie ce comportement raciste. Par exemple, on m’a insulté voleur –“choro”- plusieurs fois dans la rue. Dans les transports publiques, il y a eu des occasions où les gens ont eu à descendre ou ont refusé de s’asseoir à mon coté parce que je suis noir. Je pourrais continuer la liste. C’est une expérience très choquante et à lamenter.
A Lima, la capitale, on vit dans un climat d’insécurité totale, de violences, de meurtres journaliers pour diverses raisons et des vols à main armée. On m’a volé un sac sur la chapelle où je fais ma pastorale. Mais comme j’avais seulement mon aube, mon agenda personnelle, mon calendrier liturgique, le plan pastoral de la paroisse, les bandits-voleurs ont rempli le sac avec du sable et l’ont jeté dans une maison pas loin de la chapelle. Un autre fait qui me choque ici est l’homosexualité de part des hommes comme des femmes.
En ce qui concerne ma pastorale, tout va bien. Durant ces trois ans, j’ai fait ma pastorale sur une paroisse combonienne de la périphérie de la capitale Lima : Chorrillos. La paroisse s’appelle Christ Missionnaire du Père (Cristo Misionero del Padre). La paroisse se situe approximativement à une heure et quart du scolasticat. Elle compte 18 chapelles. Je fais mon apostolat sur celle de « Seigneur des Miracles » (“Señor de los Milagros”) avec un confrère centrafricain et un confrère éthiopien. J’ai accompagné successivement le groupe des jeunes et le groupe de l’Enfance et Adolescence Missionnaire, on dirait CV. AV au Togo. Depuis le mois de mars passé, je ne fais plus mon apostolat sur cette chapelle, car la communauté est assez mûre. Je suis dans un autre champ de pastoral qui a plus besoin de notre présence : Pamplona Alta. Pamplona Alta est un lieu symbolique pour l’origine et la naissance de la Théologie de la Libération.
J’ai eu à faire aussi des expériences de pastorale durant les grandes vacances. J’étais à Cerro de Pasco, une paroisse combonienne qui se situe a 4384 m sur le niveau de la mer. J’étais resté là-bas deux mois dans une zone minière “Milpo”. Je rappelle que la ville de Cerro de Pasco est l’une des villes les plus élévée au monde. Le froid et l’altitude sont les premiers obstacles. J’y étais avec un confrère éthiopien. Notre travail consistait en l’accompagnement des communautés chrétiennes: Milpo, Huancamachay et San Juan de Milpo; donner des cours bibliques, former les leaders, visiter les gens, faire cause commune avec eux et donner des cours de vacances aux enfants.
Finalement, la semaine sainte de cette année 2010, j’ai eu à accompagner un groupe de catéchistes sur une paroisse diocésaine, dans la ville de “Cajamarca” pour donner un coup de main au curé. On était au total 36, repartis entre 16 chapelles. Le curé est seul et a besoin d’aide surtout durant la semaine sainte pour couvrir toutes les chapelles pour que les fidèles puissent célébrer et vivre le Mystère de la résurrection, le centre de notre foi. De cette manière, j’ai aidé à former la conscience missionnaire dans ce groupe des catéchistes. Chaque année, ce groupe va sur cette paroisse pendant la semaine sainte. Et ce sont des catéchistes bien formés parce que sont capables de diriger la Liturgie du Triduum Pascal jusqu’au dimanche de Pâques. Ils sont bien engagés sur la paroisse Christ Missionnaire du Père et réalisent d’autres activités comme aides aux pauvres, aux prisonniers et aux enfants abandonnés.
Toutes ces expériences ont été formatives pour moi. J’ai eu à apronfondir mon discernement à la suite du Christ sur les pas de Comboni comme religieux et missionnaire combonien. C’est un Carrefour où on réalise « le troc » dans la foi par le témoignage de vie. Ces moments ont été pour moi des lieux d’échanges avec tout ce que cela comporte comme le procès d’inculturation personnelle et de l’Evangile. Trois sont les piliers que m’ont soutenu lors de ces expériences: la prière personnelle, la vie fraternelle entre nous confrères et l’humilité d’apprendre des autres et de les laisser suivre leur rythme de maturité dans la foi chrétienne. Avec les gens, j’ai grandi dans la prise des initiatives et dans la méthodologie missionnaire. La pastorale en soi est éducatrice du point pédagogique et méthodologique quand on se laisse enseigner par les expériences et lorsqu’on met Dieu au centre de la vie pastorale.
Puisse le Seigneur continuer à nous aider tous à être dociles à son Esprit et à être un signe vivant et prophétique de sa résurrection dans le monde d’aujourd’hui afin que l’humanité aie espérance en Dieu que s’est fait Homme pour marcher avec nous sur les sentiers de nos vies. ! Que Dieu vous bénisse¡
Mes sincères salutations depuis Lima, Pérou.